"La terre des promesses" est une invitation à décentrer la vision occidentale dans un récit visuel entourant l'adoption transnationale et transraciale.

La terre des promesses est une invitation à explorer l'adoption transnationale et transraciale en Chine et en Belgique, tant dans le présent que dans le passé. On peut imaginer qu'à l'époque de la politique de l'enfant unique en Chine, la Belgique représentait "la terre promise" pour les petites filles que les parents devaient abandonner. Pourtant, au fil du travail de Youqine Lefèvre, qui passe des archives de ses parents à ses propres images, la perspective se déplace. Lorsqu'elle visite son pays natal, la Chine devient la terre des promesses - retrouver ses racines ? Sa famille d'origine ? Elle-même ?

Une promesse aussi ambitieuse est facile à briser, ce qui explique la mélancolie palpable dans les images de Youqine Lefèvre. Son travail traduit également l'ambiguïté de sa position : en tant qu'adulte adoptée visitant son pays natal, elle est "un étranger à l'intérieur", si proche de ses sujets photographiques et pourtant si éloigné. Dans cette perspective, l'art est la nouvelle terre de promesses pour Lefèvre, qui utilise de multiples supports (film, papier, etc.) dans sa pratique photographique pour créer un monde où elle peut vivre ses vérités. L'œuvre produite par l'artiste génère ainsi l'artiste. Youqine Lefèvre se réapproprie non seulement son propre récit, mais remet en question le statut des archives qui, entre ses mains, deviennent à la fois de l'art et une déclaration politique.

En définitive, The Land of Promises est une invitation à décentrer la blancheur et le Nord global dans le récit visuel entourant l'adoption transnationale et transraciale.

Amandine Gay